Avec cette PAL, ce sera tous les jours dimanche
Voici 24 œuvres qui rassemblent, parmi mes lectures coup de cœur, celles qui contiennent dans leur titre le mot « dimanche ». Cela m’a permis de découvrir de jolies pépites. Je n’y aurais sans doute pas prêté attention si ma démarche avait été différente. Avec cette PAL, une chose est sure, ce sera tous les jours dimanche !
Portraits de femme
Un dimanche à Ville-d’Avray de Dominique Barbéris
Un dimanche à Ville-d’Avray (éd. arléa), une femme habitant Paris se retrouve chez sa sœur cadette en banlieue. Toutes deux ont une vie bien rangée, sans éclat ni surprise. Pourtant, l’une va se confier à l’autre à propos de sa rencontre avec un homme. Sur fond de mystère quelque peu angoissant, ses craintes et ses espoirs vont se mêler aux regrets de sa sœur. Dominique Barbéris décrit avec justesse le poids de l’attente et des non-dits avec cette envie d’échapper à l’instant présent.
Dimanche et autres nouvelles d’Irène Némirovsky
Dans la nouvelle Dimanche (éd. Stock), l’autrice dépeint le regard « sans filtre » que se portent mutuellement une mère et sa fille. Le ton de l’autrice se veut dur. Il n’y pas vraiment de place pour l’optimisme dans ses écrits. C’est ce qu’on peut constater dans cette nouvelle et les autres. Elle voit les femmes et les hommes pour ce qu’ils sont, à travers ce qu’ils ont de méprisable et d’animosité. Elle met en lumière nos parts d’ombre d’une superbe manière, sans fard et presque sans reproche.
Les oubliés du dimanche de Valérie Perrin
Parallèlement, Valérie Perrin réussit une nouvelle fois le pari de nous émouvoir aux larmes. Ceci en mêlant adroitement passé, présent et destins croisés. Justine, aide-soignante en maison de retraite, a sa vie au point mort mais survit grâce à celle d’Hélène, résidente dont elle s’occupe et dont elle recueille les souvenirs. Vont naître de leurs échanges une poésie à l’épreuve du temps et une profondeur des personnages qui m’ont particulièrement touchée. Les oubliés du dimanche (éd. Albin Michel) font la part belle à l’humanité et à l’humilité. On y retrouve une volonté d’affronter la vie dans ce qu’elle a de pire et de meilleur.
Le dimanche des mères – Mothering Sunday – de Graham Swift
Du côté des romans étrangers, j’ai découvert un petit joyau britannique, Le dimanche des mères (éd. Gallimard pour la parution française) de Graham Swift. On découvre le portrait d’une jeune employée de maison dont le destin va basculer le temps d’une journée. Ce fameux « dimanche des mères », le 30 mars 1924, journée où les aristocrates partent pleurer leurs fils morts au combat. À travers la littérature et l’amour, on assiste à l’émancipation d’une femme. Elle va prendre en main son destin avec une finesse d’esprit que l’on jalouse souvent chez nos voisins anglais.
Pages d’Histoire
Le dimanche de Bouvines de Georges Duby
Pour ceux qui aiment l’Histoire avec un grand H, Le dimanche de Bouvines (éd. Gallimard) de Georges Duby sera le bienvenu. Il retrace la bataille qui s’est déroulée le dimanche 27 juillet 1214 près de Bouvines, dans le comté de Flandre (l’actuel département du Nord) en France, opposant les troupes royales françaises de Philippe Auguste à une coalition constituée de princes et de seigneurs flamands, allemands et français. La victoire est remportée par le roi de France et marque le début du déclin de la prédominance seigneuriale. Je ne suis pas fan d’histoire pure et dure en matière de littérature. J’ai d’ailleurs fait l’impasse sur ce livre. Mais l’avais emprunté à mon père qui est féru du genre pour les besoins de la photo ci-dessous…
Un dimanche à la piscine de Kigali de Gil Courtemanche
Personnellement et sans aucune comparaison, je préfère le style romancé d’Un dimanche à la piscine de Kigali (éd. Gallimard). Il retrace les atrocités du génocide des Tutsis au Rwanda du 7 avril au 17 juillet 1994. Journaliste québécois et longtemps correspondant en Afrique, Gil Courtemanche retrace fidèlement, crûment et sans artifice, cette funeste période.
Le dimanche du souvenir – Remembrance Sunday – de Darragh McKeon
Dans Le dimanche du souvenir (éd. Belfond pour la traduction française), Darragh McKeon revient sur l’attentat commis par l’I.R.A. (organisation terroriste républicaine irlandaise), le dimanche 8 novembre 1987, à Enniskillen en Irlande du Nord. Quelques instants avant la traditionnelle cérémonie à la mémoire des soldats britanniques tués au cours des deux guerres mondiales, une bombe explose à proximité du monument aux morts et fait de nombreuses victimes civiles. L’auteur met en lumière, tour à tour, deux hommes, l’un victime, l’autre bourreau, tous deux marqués profondément et à jamais par ce fameux dimanche de commémoration.
Et ils dansaient le dimanche de Paola Pigani
Au tour d’une femme désormais, Paola Pigani, de dépeindre un pan de l’histoire avec l’industrialisation de l’entre-deux guerres. Avec Et ils dansaient le dimanche (éd. Liana Lévi) elle brosse le portrait et les conditions de vie et de travail de deux cousines venues de Hongrie, issues de cette grande population ouvrière de l’Est de Lyon, bercée de rêves peu à peu teintés de misère et de désillusion. Pourtant, l’arrivée du Front Populaire en 1936 offre un relent d’espoir et une foi en l’avenir.
Quel beau dimanche de Jorge Semprun
Quel beau dimanche (éd Grasset) est le récit autobiographique de Jorge Semprun, rescapé du camp de concentration de Buchenwald. D’un dimanche d’hiver en 1944 alors qu’un SS braque son arme sur lui, l’auteur fait des allers-retours dans sa mémoire, couvrant une période de vingt ans de 1944 à 1964. Ancien dissident communiste espagnol, il n’aura eu de cesse de rechercher son identité tout au long de sa vie, à travers l’usage de plusieurs noms d’ailleurs. Il décède en 2011.
Samedi soir, dimanche matin – Saturday Night, Sunday Morning – d’Allan Silitoe
La classe ouvrière anglaise des années 1950 est décrite dans ce roman d’Allan Silitoe, précurseur du mouvement des « Angry Young Men ». Samedi soir, dimanche matin (éd. L’échappée) marque évidemment son époque et même encore la nôtre avec ces jeunes qui savent pertinemment qu’aucune ascension sociale n’est possible. Arthur Seaton, 21 ans, est de ceux-là et tente d’échapper à sa réalité désenchantée le samedi soir au pub en noyant sa désillusion dans l’alcool.
Sombre dimanche d’Alice Zeniter
Dans Sombre dimanche (éd. Albin Michel), Alice Zeniter retrace quinze années de la vie d’une famille sur trois générations dans une Hongrie qui sort peu à peu et difficilement du communisme et du joug de l’Union Soviétique. On ne peut que s’enticher de ses personnages, de leurs maladresses, de leurs espoirs, de leurs désillusions, de leurs regrets et surtout de leur humanité.
Dimanche n.m. Septième jour de la semaine précédant le lundi et suivant le samedi. Il est consacré exclusivement au rattrapage des heures de lecture non effectuées ou écourtées au cours des six premiers jours pour des raisons aussi obscures que futiles (travail, tâches ménagères, etc.) Il est fortement conseillé de dévorer autant de livres sur la journée que de croissants au petit-déjeuner.
Amours tragiques
C’est dimanche et je n’y suis pour rien de Carole Fives
Dans C’est dimanche et je n’y suis pour rien (éd. Gallimard), on se retrouve confrontés au deuil (dans le vrai sens du terme) d’un amour qui n’en était qu’à ses balbutiements et dont la fin écourtée tragiquement va complètement bouleverser la vie de l’héroïne. Cette dernière, prénommée Léonore, s’autorise, de nombreuses années après le drame, à entamer son processus de deuil et à refermer la porte de la culpabilité. En définitive, il s’agit d’une histoire qui peut servir à d’autres pour réussir à aller de l’avant et accepter de faire partie de « ceux qui restent ».
Un long dimanche de fiançailles de Sébastien Japrisot
Sur fond de première guerre mondiale, cette fois, l’histoire de Mathilde fait écho à celle de Léonore dans Un long dimanche de fiançailles (éd. Gallimard) de Sébastien Japrisot. Manech, jeune bleuet, est exécuté dans les tranchées d’une balle allemande. La jeune fille n’aura alors de cesse de rechercher la vérité afin de comprendre ce qui s’est passé et d’accepter la mort de son bien aimé.
Dimanches d’août de Patrick Modiano
Dans Dimanches d’août (éd. Gallimard), c’est au tour d’un homme de porter la perte d’un être cher. Si l’atmosphère se veut d’abord pesante et mystérieuse, l’intrigue se révèle petit à petit, en commençant bien entendu par la fin. Cette histoire écrite à la première personne est d’une originalité singulière dans laquelle les sentiments et le ressenti des protagonistes sont dépeints avec beaucoup de justesse.
Hommage au quotidien
Il avait plu tout le dimanche de Philippe Delerm
Philippe Delerm a ce don de rentre poétique et positive la banalité du quotidien dans Il avait plu tout le dimanche (éd Gallimard). On finit par s’attacher au personnage d’Arnold Spitzweg, à sa routine ennuyeuse et à sa vie sans attaches. Le regard qu’il porte d’ailleurs sur Paris et les Parisiens se veut plein d’amour, comme une sorte d’hommage que je trouve particulièrement poignant de beauté et de simplicité.
Ils rêvaient des dimanches de Christian Signol
« Pour la plupart des familles françaises, passées en trois générations de la paysannerie à l’université, le XXe siècle a été un formidable ascenseur social. » Christian Signol raconte l’histoire de sa famille maternelle à travers cette évolution, et rend ainsi un bel hommage au travail acharné et aux sacrifices de ses grands-parents et parents qui ont lutté pour mieux vivre. Ils rêvaient des dimanches (éd. Albin Michel) pour pouvoir enfin se reposer du dur labeur de la semaine…
Le dimanche de la vie de Raymond Queneau
Dans un style cocasse et burlesque, Le dimanche de la vie (éd. Gallimard) invite à observer le quotidien plus ou moins ordinaire de personnages hauts en couleur qui donnent le ton à ce roman qu’on dirait presque destiné au théâtre. Ce que j’aime avant tout chez son auteur, Raymond Queneau, c’est son amour pour les mots qu’il manie avec dérision et avec beaucoup d’intelligence.
Le peintre du dimanche de David Zaoui
Ici, on entre avec facétie dans une vie un peu chaotique. Débordant d’humour, de tendresse et de positivisme à gogo, Le peintre du dimanche (éd. Le livre de poche) est certainement le remède pour faire un joli pied de nez à la morosité du quotidien sans pour autant cesser de rêver au meilleur des possibles.
Victimes et bourreaux
Un dimanche au cachot de Patrick Chamoiseau
Dans Un dimanche au cachot (éd. Gallimard), une petite fille prénommée Caroline se cache sous une voûte de pierre, dans le jardin du foyer où elle vit. Les éducateurs font appel à leur ancien collègue, également écrivain, pour essayer de raisonner la fillette. La voûte est en réalité le vestige d’un cachot où étaient enfermés des esclaves, dont « l’Oubliée ». Mêlant compulsivement passé et présent, Patrick Chamoiseau nous fait prendre conscience de l’expérience intime des descendants de l’esclavage aux Antilles dans un style unique, parfois déroutant mais profondément original.
Dimanche le rabbin est resté à la maison – Sunday the Rabbi Stayed Home – d’Harry Kemelman
Comme on dit qu’à chaque jour suffit sa peine et que l’auteur américain Harry Kemelman a prévu toute une série hebdomadaire, je m’arrête brièvement sur Dimanche le rabbin est resté à la maison (éd. 10/18). Pour ceux qui aiment la collection des grands détectives et les histoires de meurtres, voici comment passer un bon moment au cœur des tensions politiques de la communauté juive.
Les croissants du dimanche d’Annie Saumont
Sans vouloir verser dans le pessimisme, Les croissants du dimanche (éd. Julliard) n’évoquent pas ici les chaleureuses viennoiseries du petit-déjeuner dominical. Il est plutôt question, dans cette série de courtes nouvelles, de scènes de vies bouleversantes, de fêlures du quotidien qui ne pourront jamais être réparées. Les divers protagonistes, victimes de la cruauté du monde, font ce qu’ils peuvent pour survivre même si l’issue s’avère fatale pour leurs bourreaux.
Dimanche de Georges Simenon
En revanche, il n’y a que Georges Simenon pour réussir avec brio et noirceur à dépeindre l’être humain dans ce qu’il est de plus vile et à démontrer ce qui peut pousser certaines personnes à commettre l’irréparable. Cependant, la victime n’est-elle pas coupable ? Et le bourreau, n’est-il pas victime ? Voici ce que ce Dimanche (éd. Presses de la cité) révèle de la complexité de notre psychologie, de nos actes et surtout de leurs conséquences.
Des dimanches en couleur
Dimanche d’Irène Bonacina
J’adore le trait hyper fin et rigolo d’Irène Bonacina, presque brouillon mais tellement bourré d’imagination dans l’album illustré Dimanche (éd. La joie de lire). Là où les semaines se résument au métro-boulot-dodo, les dimanches sont synonymes de légèreté, de liberté et de tout ce qui nous permet d’être simplement nous-mêmes. Idéal à partager en famille pour que les enfants puissent interpréter les images et se les approprier.
L’invention des dimanches de Gwenaëlle Abolivier & Marie Détrée
Pour continuer avec le quotidien et pas n’importe lequel, j’ai choisi de m’arrêter sur L’invention des dimanches écrit par Gwenaëlle Abolivier et illustré par Marie Détrée, peintre de la Marine. Le résumé de l’éditeur (Les Éditions du Rouergue) se suffit d’ailleurs à lui-même : « Ce livre raconte un grand voyage : la vie à bord d’un bateau avec ce temps qui s’écoule de façon si particulière, oscillant entre moments d’ennui, de silence, gestes répétés, journées à patienter etc. Il faut dans cette navigation au long-cours composer avec une élasticité particulière du temps et accepter d’y perdre ses repères. C’est pour cette raison que les marins décident, de façon aléatoire, d’un jour de repos : ils inventent le dimanche. » Je l’ai trouvé d’une originalité époustouflante aussi bien par ses textes que par les illustrations de Marie Détrée. De plus, on apprend les termes maritimes à foison !
Pour conclure, je vous souhaite de passer un merveilleux dimanche et surtout de lire, de faire lire et de partager vos lectures préférées !
De nouvelles Piles à lire seront publiées prochainement et seront à retrouver sous la rubrique du même nom.